
Edito
À l’initiative de la fondation Magritte, cette année l’univers énigmatique et poétique de René Magritte est décliné en sculptures de cristal, pour célébrer les 125 ans de la naissance de l’artiste. En créant ces œuvres uniques et extraordinaires, Lalique fait ainsi perdurer dans la modernité la force créatrice de ses métiers d’art d’origine.
René Magritte et René Lalique – bien qu’ils ne se soient jamais vus en chair et en os – étaient faits pour s’entendre. Comme René Lalique avait osé prendre des libertés pour créer avec du verre, Magritte développe sa propre syntaxe, une langue qu’il cultive avec des compatriotes poètes et musiciens, et qui lui vaut d’être reconnu – au premier coup d’œil – comme l’un des plus grands artistes du XXe siècle.
Aujourd’hui, à l’évocation du nom de Magritte, les premières images qui viennent à l’esprit sont celles d’une pipe, d’une pomme et d’un chapeau melon. C’est précisément pour l’importance de ces objets dans l’œuvre du peintre comme pour leur iconicité et leur représentativité que Lalique a choisi de les transposer en cristal.
Je suis fier du résultat qui est sans conteste respectueux de l’œuvre d’un immense peintre, René Magritte, et dans la lignée d’un immense artiste, René Lalique, qui, outre leur prénom, ont en commun un talent intemporel.
Silvio Denz, Président Directeur Général, Lalique S.A.
Pour la première fois, des œuvres de René Magritte prennent vie sous une nouvelle forme en s’habillant de cristal. Six pièces allient la peinture de Magritte au savoir-faire de Lalique pour rejoindre aujourd’hui les collections Lalique Art.

LE PRÊTRE MARIÉ
Magritte a peint des pommes masquées dans une douzaine de tableaux au moins. C’est un sujet qu’il affectionnait et qu’on lui demandait souvent de représenter. La première version d’une pomme masquée fut réalisée pour la couverture du magazine View en 1946. Par la suite, les pommes se trouvent parfois seules, parfois en binôme, parfois sous un ciel de jour – elles sont alors titrées La Valse hésitation –, parfois sous un ciel de nuit et sont, dans ce cas, intitulées Le Prêtre marié.

LE BAIN DE CRISTAL
La girafe tout entière contenue dans un verre en cristal est inspirée de la gouache intitulée Le Bain de cristal. La première version de cette image avait été imaginée par Magritte pour illustrer un recueil de poèmes de Paul Éluard : Les Nécessités de la vie et les conséquences des rêves, précédés d’Exemples, en 1946. Il en fit une seconde version la même année, dans un style emprunté au mouvement impressionniste et, plus particulièrement, au peintre Renoir. Au sortir de la guerre, Magritte entend ajouter de la joie, de la couleur pure et de la lumière solaire afin d’égayer cette période et oublier la noirceur des années de conflit. L’artiste parvient avec maîtrise à un rendu des couleurs pures tout en conservant la spécificité des matières, allant du velouté au lustré, en passant par le soyeux et le luisant .
Cet exercice de style, propre à la « période Renoir » de Magritte, a été parfaitement capté par la cristallerie Lalique, qui est parvenue à subtilement associer un cristal sablé à un cristal poli, réussissant dès lors la prouesse d’un rendu des matières et de la lumière identique à la volonté du peintre. Le cristal est éclatant, la girafe paraît douce. L’échelle est également parfaitement respectée, puisque, dans l’œuvre originale, les arbres qui constituent le fond du tableau confèrent au verre une taille gigantesque permettant d’accueillir la girafe. La sculpture de Lalique produit la même impression sur le spectateur, qui se trouve tout d’abord confronté à un verre surdimensionné.

LA TRAHISON DES IMAGES
Si l’image de la pipe est devenue à ce point célèbre dans l’œuvre du peintre, c’est grâce à La Trahison des images, le chef-d’œuvre qu’il peint en 1929. Cette pipe extrêmement bien représentée sous laquelle il est inscrit « Ceci n’est pas une pipe » est une illustration magistrale d’un aphorisme de l’artiste : « Dans un tableau, les mots sont de la même substance que les images. » Au dos d’une reproduction de cette œuvre qu’il envoya un jour à Michel Foucault, il avait précisé : « Le titre ne contredit pas le dessin ; il l’affirme autrement. »
En 1943, lors de l’édition de sa première monographie écrite par Marcel Mariën, Magritte eut envie de reproduire cette œuvre mais se ravisa, craignant que, en cette période d’occupation, celle-ci lui vaille de se faire enfermer dans un asile . Le tableau eut immédiatement un fort retentissement, notamment à Paris, où Salvador Dalí souligna son enthousiasme dans un journal espagnol, et, aujourd’hui, il incarne Magritte à lui seul.

LE BOUCHON D'ÉPOUVANTE
Parmi les objets créés par Lalique, le chapeau melon est la seule œuvre de Magritte qui existe à la fois sous forme de tableau et sous forme d’objet. Réalisés à quelques jours d’intervalles, tous deux sont intitulés Le Bouchon d’épouvante. L’homme au chapeau melon évoque d’ailleurs autant son œuvre que Magritte lui-même, puisque, comme de nombreuses photographies en attestent, le peintre portait ce chapeau à la ville.
Il est intéressant de souligner que, pour réaliser l’objet, Magritte avait chargé le collectionneur auquel il était destiné de l’acheter au préalable. C’est donc Marcel Mabille, qui, après avoir reçu une lettre détaillée du peintre accompagnée d’un dessin, alla acheter le chapeau adéquat et les étiquettes que Magritte signa par la suite. L’artiste prit également le temps de décrire la manière dont le chapeau devait être présenté. Le travail de Lalique s’inscrit ainsi assez naturellement dans un procédé dont on imagine aisément que Magritte aurait pu être le complice.
Le résultat est sans conteste respectueux de l’œuvre d’un immense peintre, René Magritte, et dans la lignée d’un immense artiste, René Lalique, qui, outre leur prénom, ont en commun un talent intemporel. Les créations en cristal de Lalique reprennent les sujets iconiques de l’œuvre de Magritte tout en s’adaptant, mais aussi en respectant les volontés, les procédés et les recherches inhérentes à son travail.

RENÉ MAGRITTE
Le peintre René Magritte, né à Lessines en Belgique, en 1898, est l’un des artistes les plus mondialement renommés.
Après des débuts marqués par le futurisme, il participe à la naissance du groupe surréaliste de Bruxelles au milieu des années 1920.
Quand Magritte découvre les œuvres de Giorgio De Chirico, sa peinture prend peu à peu les caractéristiques qui la rendent immédiatement identifiable : des figures issues de la vie quotidienne, exécutées dans ce que le peintre appelle « un style universel, où les manies et les petites préférences d’un individu ne jouent plus ». Si les objets sont clairement représentés, le sens des compositions échappe à la logique ; par sa peinture, Magritte décrit le mystère, qu’il nomme « l’inconnaissable ».
En 1927, René Magritte et son épouse Georgette Berger s’installent dans la région parisienne, ce qui permet à Magritte de faire la connaissance des artistes surréalistes, en particulier Max Ernst, dont la peinture l’inspire durablement.
Deux ans plus tard, Magritte crée son œuvre la plus célèbre : La Trahison des images, qui représente une pipe accompagnée de la phrase « Ceci n’est pas une pipe ». Le tableau fait partie de la série des tableaux-mots, qui constituent une recherche sur le rapport entre les objets, les mots qui les désignent et les images qui les représentent.
C’est aux États-Unis que naît le succès international. A partir de 1947 que sa peinture est régulièrement présentée à New York. Et, en 1948 à Paris, une exposition provocatrice de ce que l’on nomme la « période vache » permet à Magritte de prendre sa revanche sur le monde de l’art parisien qui a tardé à reconnaître sa valeur.
En 1965-1966, une rétrospective organisée au MoMA à New York, puis dans d’autres institutions américaines, témoignent d’une reconnaissance qui ne cesse de croître depuis le décès du peintre, en 1967. Les grandes expositions se multiplient tandis que les hommages rendus à son œuvre témoignent d’une influence qui perdure. Plus présentes que jamais, les images créées par Magritte ne cessent d’inspirer.
Magritte & Lalique
Les pièces seront disponibles entre avril et juin. Pour plus d'informations, veuillez contacter la boutique Lalique la plus proche de chez vous ou contacter notre service client via le lien ci-dessous.